jeudi 21 novembre 2013

On achève bien les Musées. La triste fin de l’œuvre de Roger Bastin. Encore un bel exemple « d’erreur ».

Photo Daniel Locus

Le Soir a annoncé le 13 novembre dernier la fermeture de l’exposition Van der Weyden pour une période indéterminée. Il s’agissait « d’une mesure de précaution » pour permettre de poser une bâche au-dessus du puits de lumière du défunt Musée d’Art Moderne, sans risques pour les œuvres et les visiteurs. On sait à présent que l'exposition, prévue jusqu'au 26 janvier ferme ses porte définitivement aujourd'hui ... par mesure de précaution.
Un lecteur averti du fonctionnement d’un musée, géré normalement, est évidemment un peu surpris des explications fournies le premier jour par le Musée : « Nous étions au courant des travaux et du creusement de ces trous … Mais nous ne savions pas qu’ils seraient aussi importants ». Ce qui veut donc dire que personne aux Beaux-Arts n’a suivi la préparation de ce chantier ? Personne n’en connaissait les détails ? Une intervention prévue au-dessus de salles d’exposition accueillant du public et hébergeant des tableaux prêtés par des musées étrangers, valant des dizaines de millions d’euros n’est pas préparée avec davantage de considération pour les œuvres et pour le public ? Ce n’est tout simplement pas crédible.

Dans un second temps, Michel Draguet, lui-même, rejette la responsabilité des fuites d’eau constatées dans le bâtiment sur l’entreprise réalisant les forages dans la dalle, servant également de toit au regretté Musée d’Art Moderne. Nous voilà rassuré le coupable est trouvé : une entreprise extérieure. Ce qui voudrait dire que le chantier n’était pas suivi en interne, ni par la Régie des Bâtiments ? Cela fait beaucoup de points d’interrogations et trop d’invraisemblances.
On nous dit également que l’hygrométrie est restée constante. Cela signifie-t-il donc que les lois de la physique ont changé ? De l’eau s’introduisant dans un local fermé ne modifie plus le taux d’hygrométrie de cette pièce quel que soit son volume ?

Par ailleurs, on demeure étonné que la pose d’une bâche, élément éminemment temporaire, nécessite le forage de trous aussi importants dans une dalle en béton ; auquel s'ajoute ce qui s'apparente au démontage d’une partie de la rambarde (sculptée par André Willequet) et la pose d’un échafaudage d'une telle ampleur (il ressemble fort à ceux utilisés pour soutenir un coffrage de dalle de béton) ? Je crains que l’on ne nous dise pas toute la vérité. Les photographies jointes à cet article permettent au contraire de penser que l’on installe quelque chose de définitif.

Photo Daniel Locus

Photo Daniel Locus


Feu le Musée d’Art Moderne a disparu le 6 février 2011, il ne restait plus qu’à faire disparaître le corps de la victime. Voilà qui est fait : l’œuvre de l’architecte Roger Bastin (assisté par Pierre Lamby, Guy Van Oost et François Douchamps, Léo Beek) a cessé de vivre dans l’indifférence générale. J’avais l’impression qu’il y avait en Belgique des lois pour protéger les monuments, les œuvres et les musées. Cela a dû changer sans que je m’en rende compte.
A moins, qu'il ne s’agisse encore d’une « erreur » comme celle de la fermeture du ci-devant Musée d’Art Moderne, que regrette Philippe Robert-Jones, ancien Conservateur en Chef du Musée, figure belge de la discipline, dans la Libre Belgique du 21 novembre.

Et si l’on changeait la direction des Beaux-Arts, du Cinquantenaire (intérimaire depuis trois ans) et leur tutelle par « mesure de précaution », pour éviter d’autres « erreurs » ? C’est l’avenir des musées qui est en jeu et la réputation internationale des musées belges en général. Elle a été gravement compromise trois fois en quelques jours. N’oublions pas évidemment la fermeture autoritaire du trépassé Musée d’Art Moderne, l’état déplorable des bâtiments des Beaux-Arts, de ceux du Cinquantenaire, la maltraitance des collections et la situation inextricable dans laquelle un seul homme (deux ?) est parvenu à plonger les musées bruxellois. Vous imaginez avec quel œil ces choses sont regardées depuis l’étranger.
Quelqu’un prendra-t-il un jour ses responsabilités dans ce dossier ? Le Ministre Courard semble à l’écoute, c’est encourageant, nous l’en remercions, mais dans combien de temps cela produira-t-il son premier effet positif ?


Exposition à voir
Pierre Lamby. Cadres de vie.
52 rue Jean d'Ardennes
1050 Ixelles
Mardi au dimanche inclus de 14h à 20h.

 Article publié le 21 novembre et modifié le 22/11/2013 (noms des collaborateurs de Roger Bastin et exposition Pierre Lamby).

1 commentaire:

  1. Excellent article...si on rajoute aux Musées d'Art Moderne et du Cinquantenaire, l'état désastreux du Conservatoire Royal de Bruxelles (pour lequel des budgets de rénovation viennent d'être votés mais bien trop tardivement), la situation du patrimoine architectural et culturel bruxellois et dans une situation lamentable.

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